Vous saviez mon cœur,
Mais qui donc était le vôtre?
Apôtre ou flambeur?…
Pyromane de l'amour
Au casino des toujours?…
Le vôtre s'est pendu
À des colliers de perles;
Le mien s'est perdu!
Comme un plaisir égaré
Dans un lit désespéré.
Qu'avez-vous donc fait,
De nos bouquets extasiés?
De leurs doux bienfaits?
Votre abandon fait injure,
L'ingratitude est parjure!
Mon sang ma douleur
Ont trop perdu de leur sève
S'effeuillent les fleurs…
Et s'écrit sur mon grimoire
L'insomnie des bouquets noirs
Plus rien n'a de sens
Comme un vase renversé
Vide en son essence.
L'incertitude se meurt
Au rythme sourd de mes pleurs.
Vous me laissez là,
Témoin de ma vie amère…
Mais qui voit cela?
À trop se fermer les yeux
L'amour n'est plus généreux
L'homme seul au monde
S'extasie et puis s'en va
Petit car immonde…
La liberté est mesquine
Qui assassine l'estime.
Oyez vos tréfonds!
Le verdict est sans appel
Quand plus ne réponds.
Tout silence calomnieux:
Est un recours injurieux!
Sinon que rêvant
Vous sonneriez à ma porte;
Amis comme avant.
Utopie de la pensée,
En relation dépassée!
Et moi de vous dire:
Personne!... je suis morte.
De trop vous maudire.
RHD
NB: Le RENGA est l'un des arts littéraires les plus importants du Japon pré-moderne. Le nombre requis d'unité sonores de chaque strophe est généralement de 5-7-5 et 7-7 soit un tercet (haïku) suivit d'une paire. Vous remarquerez peut-être que je me suis attaché à faire rimer les sonorités en fin de certains vers. C'est là une fantaisie personnelle, la rime n'étant pas requise dans ce genre d'exercice.
Thème: Il s'agit là d'une rupture somme toute classique (l'amant s'en va) chacun recouvre sa liberté mais la nostalgie féminine peut sembler légitime: seul compromis, l'homme propose de remplacer la fièvre des amours par une amitié de cœur en désamour... mais l'héroïne refuse.